La cachette du diable by Acosta Carlos

Auteur:Acosta, Carlos [Acosta, Carlos]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Cuba, Littérature étrangère
ISBN: 2366581483
Éditeur: Kero
Publié: 2014-12-31T23:00:00+00:00

La famille désunie

* * *

Une heure après son arrivée le lendemain, après avoir pris congé du cocher Aureliano et salué les habitants du hameau, Melecio pénétra dans la maison de ses parents. Ceux-ci avaient beaucoup vieilli ces cinq dernières années. Betina avait déjà des mèches de cheveux blancs. Elle avait aussi des poils blancs sous les bras. Mais c’était José qui avait l’air le plus mal en point. Il s’était recroquevillé sur lui-même, il avait une bosse dans le dos. Vieux était le mot qui le définissait le mieux. Lorsqu’il était parti, Melecio avait laissé derrière lui deux personnes saines et fortes. Et voilà qu’il retrouvait deux petits vieux ridés et fragiles.

L’instituteur du hameau expliqua que ses parents lui avaient beaucoup manqué, qu’il n’aurait jamais dû les abandonner, mais qu’à présent on ne pouvait plus revenir en arrière. Il plaça ses deux index sur ses tempes comme s’il venait d’avoir une crise de migraine.

« Tu ne nous as pas abandonnés, répondit Betina, tu es parti apprendre pour pouvoir nous enseigner à lire et à écrire.

— C’est vrai, mon frère, dit Gertrudis, l’important, c’est que tu sois ici à présent. » Melecio leva les yeux et remarqua pour la première fois sa sœur. Il fut émerveillé. Elle avait toujours été jolie, mais il n’avait jamais imaginé que Gertrudis allait devenir une véritable nymphe. « Une nymphe ? » s’étonna Gertrudis.

Melecio lui expliqua qu’il existait une chose appelée mythologie grecque, qui consistait en un ensemble de récits, de mythes et de légendes appartenant au peuple grec, des femmes et des hommes qui habitaient en Grèce, un pays extrêmement lointain et aussi vieux que le monde. Il lui expliqua que dans ces récits, les nymphes étaient des esprits féminins de la nature, des femmes très belles, qui fréquentaient souvent les dieux, et vivaient dans les montagnes, les bosquets, auprès des sources et des ruisseaux. En écoutant Melecio, Gertrudis était aux anges.

« Donc, je suis une nymphe.

— Vérifie-le par toi-même. » Son frère lui tendit une boîte où se trouvait une élégante robe de coton noir et un collier de perles marines. Ensuite, il tira une chose plate d’une autre boîte, que Melecio appela un miroir. En contemplant sa silhouette dans le miroir, Gertrudis demeura bouche bée. « Tu vois ce que je te disais ? Une vraie nymphe ! » s’exclama Melecio.

Pendant ce temps, Betina avait débouché le récipient transparent ou plutôt le « flacon de verre », comme disait Melecio. Elle le porta à son nez et sentit un frisson. « Comme ça sent bon ! On dirait un vin de roses, s’exclama-t-elle.

— Oui. Mais surtout ne le bois pas, parce que tu vas attraper la chiasse, dit son fils. C’est un parfum. Tu t’en mets un peu sur le bout des doigts puis tu te frottes derrière les oreilles et le cou. »

Betina se passa quelques gouttes de l’étrange liquide sur le cou et alla le faire sentir à José. José dit qu’elle n’avait pas besoin de le lui faire sentir,

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